Sortie kayak de mer sur La Loue (4-5 juillet 2015)

Châtillon-sur-Lison

La Loue à Châtillon-sur-Lison

En ce week-end de canicule sur toute la France, nous avons passé notre week-end au frais en moyenne montagne : dans le Doubs (en Franche-Comté) qui fait partie du Massif du Jura.

La descente de la Loue, rivière facile en été, se pratique en canoë ou en kayak de mer. C’est une rivière naturelle réputée pour être l’une des plus belles de France. Ses rives sont très sauvages et ses abords sur les rares villages traversés sont peu urbanisés.

 

Caractéristiques et itinéraire

Itinéraire sur la Loue

Itinéraire sur la Loue

Plan de situation - La Loue à Ornans

Plan de situation – La Loue à Ornans

Situé entre Besançon et Pontarlier, notre itinéraire nous emmène à proximité de Ornans, principale commune des environs.

  • Météo : canicule, grand soleil
  • Niveau : facile (classe I-II, passages III)
  • Itinéraire : descente de la Loue de Montgesoye jusqu’au pont de Chenecey-Buillon
  • Durée du week-end : 2 jours
  • Distance totale : 17 (j1) + 22 (j2) = 39 km
  • Durée de navigation : 4h15 / jour + 30 mins de baignade
  • Vitesse moyenne : 4 km/h (j1) et 5,2 km/h (j2)
  • Participants : 7
  • Bateaux : kayaks de mer (K1)
  • Température de l’air : 35 °C l’après-midi
  • Température de l’eau : entre 15 et 18 °C
  • Transport : 4h depuis Lyon (270 km)
  • Hébergement : sous tentes, dans un camping associatif
  • Coût : 69 € / personne (transport, camping, nourriture…)
  • Organisateur : Georges

La Loue : résurgence karstique du Doubs

Nous avons navigué sur La Loue, une belle rivière naturelle, qui est une résurgence du Doubs. En effet, une faille permet à une partie de l’eau du Doubs de s’écouler dans le sous sol et de ressortir à la surface plus loin. La Loue finit par se jeter dans le Doubs après 130 km.

Le Doubs forme un canyon karstique, c’est à dire que l’eau dissous en partie les roches pour en creuser le lit en surface mais aussi de façon souterraine, ainsi il y a de nombreuses pertes qui finissent par ressurgir, comme le fait la Loue.

France3 Régions héberge un blog passionnant sur la Loue : Le blog de la Loue et des rivières comtoises.

Conditions de navigation

La navigation sur la Loue est régie par un Arrêté préfectoral du 16 juin 2014 : la limite de débit de 5 m3/s (débit moyen journalier constaté à la station de mesure de Vuillafans) n’interdit pas aux kayaks de naviguer, mais les cantonnent sur des secteurs bien délimités listés dans l’arrêté. Au-delà de 5 m3/s, la navigation est libre pour les canoës et kayaks, il en est autrement pour les embarcations à moteur et le raft/hydrospeed.

Règles de navigation sur la Loue

Règles de navigation sur la Loue

Consulté avant le départ, le débit relevé était de de 5,6 m3/s, soit de justesse un peu plus que la limite fixée par arrêté. Et la côte (hauteur d’eau) était de 35 cm. Les indicateurs étaient donc à l’orange mais nous avons maintenu cette sortie, à raison car nous avons pu naviguer sans difficulté.

Le site RDBRMC (Serveur de données hydrométriques temps réel du bassin Rhône Méditerranée) géré le Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie fournis les données en temps réel de toutes les stations de mesure déployées sur les rivières du bassin Rhône Méditerranée, ce qui comprend les régions suivantes :
  • Bourgogne
  • Franche Comté (qui comprend le département du Doubs, avec la Loue)
  • Languedoc-Roussillon
  • Provence Alpes Côte-d’Azur
  • Rhône-Alpes
Informations hydrométriques de la Loue à Vuillafans

Informations hydrométriques de la Loue à Vuillafans

Pour chaque station de mesure on trouve les indicateurs suivants :
  • la côte et le débit instantané
  • un graphique de l’évolution de ces deux indicateurs sur les 3 et 15 derniers jours
  • diverses statistiques mensuelles depuis de nombreuses années
  • les coordonnées GPS de la station

Ce site très utile est à mettre dans les favoris !

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Cékalomi surveille le niveau d’eau de la Loue

En raison du faible débit et des nombreux obstacles (barrages…) rencontrés sur le cours de la Loue, notre vitesse est assez faible : entre 4 et 5 km/h.

Villes traversées

Notre descente de la Loue sur 39 km nous fait traverser de nombreuses communes, dont 2 sortent du lot : Ornans et Cléron.

Villes traversées par la Loue

Villes traversées par la Loue

  1. Montgesoye
  2. Ornans
  3. Scey-Maisières
  4. Cléron (Rive Gauche)
  5. Amondans (RG)
  6. Lizine (RG)
  7. Cademène (Rive Droite)
  8. Châtillon-sur-Lison (RG)
  9. Rouhe (RG)
  10. Rurey (RD)
  11. Courcelles (RG)
  12. Charnay (RG)
  13. Chenecey-Buillon (RD)
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Cékalomi tire du lit Kathy, il est temps d’embarquer !

Faune et flore

De nombreux animaux sauvages peuplent la Loue et ses rives :

  • de nombreux hérons cendrés, très farouches, difficiles à photographier
  • des canards colverts à foison
  • quelques fuligules milouins
  • de rares harles bièvres
  • des cormorans qui se comptent sur les doigts d’une main
  • une famille d’oies de Guinée
  • des hirondelles de rivage
  • beaucoup de poissons (truites fario et ombres commun)
  • quelques animaux domestiques (vaches, chevaux)
  • des plantes aquatiques caractéristiques comme la renoncule aquatique
  • et beaucoup de libellules calopteryx virgo

Vidéo

Photos

Jour 1 : samedi 4 juillet – de Montgesoye à Cléron (17 km)

Cékalomi vérifie le matériel de sécurité avant d'ambarquer

Cékalomi vérifie le matériel de sécurité avant d’embarquer

La descente de la Loue commence au pied du camping municipal de Montgesoye.

La cotation de la rivière est la suivante : I-II (3), se lit ainsi : classe I à II, avec quelques passages de classe III.

La classe caractérise la difficulté de la rivière (cela va de classe I : facile, à VI : extrêmement difficile). Par délégation de service public, la FFCK (Fédération Française de Canoë Kayak) est seule compétente pour le classement des cours d’eau. Le règlement de classification peut être consulté en ligne.

En classe III, on a des obstacles faciles à passer comme des seuils (abaissement brutal du profil de la rivière de moins de 4 mètres), des chutes (seuils de plus de 4 mètres) sans rappel (mouvement d’eau dangereux vers l’amont, ramenant le kayak en arrière, présent en bas d’un seuil ou d’une chute), des rapides (portion de rivière avec un débit plus marqué et encombrée de rochers) générant des remous (vagues et tourbillons).

Nous trouvons sur notre route des rapides, des barrages à glissières créant une alternance de planiols (portion de rivière calme de classe I-II). Ce tronçon est assez tranquille mais reste ludique.

C’est à l’entrée d’Ornans que nous rencontrons notre premier barrage (alimentant un ancien moulin). Bien qu’équipé d’un pertuis (passage permettant l’écoulement de l’eau et assez large pour les canoës), son passage reste délicat, c’est pourquoi nous décidons de réaliser un portage (porter son bateau sur la rive pour contourner l’obstacle). Nous ré-embarquons au pied du barrage pour reprendre notre route. Heureusement personne ne s’est mis en cravate (kayak plaqué contre un rocher ou une pile de pont en travers du courant) au passage de l’ancien pont ferroviaire qui suit de près le barrage, le débit est trop faible de toute façon.

Le centre-ville d’Ornans est magnifique mais nécessite de réaliser un nouveau portage pour éviter la centrale de production électrique. Le niveau très bas de la rivière ne permet pas de contourner la prise d’eau de la centrale, en effet nous ne sommes pas loin de l’étiage quinquennal (niveau d’eau minimal constaté sur l’année).

Ornans est la ville de naissance du peintre Gustave Courbet auteur du célèbre tableau « L’Origine du monde » (1866) exposé au Musée d’Orsay. Courbet a beaucoup peint à Ornans. La ville a créé un musée consacré à l’œuvre du peintre dans ce qui était sa maison natale. Musée que nous n’avons pas pu visiter faute de temps…

A la sortie de la ville, nous trouvons le barrage Rivex au pied d’anciennes usines (lieu-dit « Usines du Bas ») dont l’un des bâtiments ressemble furieusement à un petit château. Au pied de la glissière, un rocher traitre est à éviter par la gauche. Frissons garantis ! Le passage de seuils nous amènent souvent à enfourner (lorsque l’avant du bateau s’enfonce dans l’eau), c’est particulièrement vrai au pied des glissières des barrages. L’effet est saisissant ! Heureusement, quelques appuis (manœuvre  consistant à prendre appui sur l’eau avec la pagaie pour assurer l’équilibre du kayak) bien placés feront l’affaire.

A la sortie d’Ornans, dernier petit rapide à franchir avant d’entrer dans Scey-Maisières.

Scey-Maisières résulte de la fusion en 1973 des communes de Scey-en-Varais et de Maisières-Notre-Dame, noms que l’on retrouve dans les lieux-dits le long du cours d’eau.

passerelle Maisières Notre Dame

passerelle Maisières Notre Dame

Scey-Maisières possède un ancien moulin alimenté par un barrage privé. Devant ce barrage, la rivière s’élargit, l’eau se calme pour former un miroir (zone en amont d’un barrage où la surface de l’eau ressemble à un miroir et reflète le paysage alentour, = planiol). Au loin on peut distinguer les ruines du Château Saint-Denis. Nous passons le barrage grâce à une glissière, moment toujours drolatique a posteriori, mais angoissant lorsque qu’on se trouve en haut du seuil avant la descente !

Nous ferons une pause baignade devant une prairie avec vue sur le Château Saint-Denis à Scey-le-Châtel. Moment de détente dans une eau entre 15 et 18°C par une chaleur de 35°C au soleil. Très dur d’entrer dans l’eau par cet écart de température, mais aussi dur d’en sortir… 🙂 Nous croisons beaucoup de baigneurs lors de notre descente de la Loue, ce qui nécessite une attention particulière pour éviter tout accident, surtout à l’approche des seuils et barrages particulièrement prisés des vacanciers.

Et nous arrivons au pied du Viaduc à Cléron juste devant le Château de Cléron qui marque la fin de notre étape du samedi.

Viaduc et Château-de-Cléron

Viaduc et Château-de-Cléron

Sur le chemin de la navette qui nous ramène au camping, nous faisons un court détour chez le loueur de canoës Evolution2 qui fait aussi bar/restaurant pour y prendre un apéro en bord de Loue. Et enfin repas collectif au camping jusqu’à la nuit tombée.

Jour 2 : dimanche 5 juillet – de Cléron à Chenecey-Buillon (22 km)

Ce parcours de classe I-II est plus calme et très sauvage. Il y a quelques barrages et seuils en tuf qui est un dépôt calcaire provoqué par la dissolution de la roche par l’eau qui retombe en dépôt localement pour former des seuils subaquatiques. Ceci est la caractéristique des sources karstiques. Autour de la Loue bordée de nombreux bois, se sont formées des falaises de calcaires, d’où le terme de gorges de la Loue.

Sur la rive gauche, nous avons Cléron, et sur la rive droite : Scey-Maisières. Et une longue promenade assez calme au milieu des bois et falaises débute.

Nous rencontrons quelques mouches et moustiques, mais sommes rapidement entourés de libellules bleues friandes de plantes aquatiques en fleur (renoncule aquatique).

libellule bleues : Calopteryx virgo (à gauche)

libellules bleues : Calopteryx virgo (à gauche)

Nous arrivons à Châtillon sur Lison avec son pont suivi de près par le barrage et ses chutes à sec (faute de débit suffisant) alimentant les anciennes forges de Châtillon. Nous sommes contraints à un portage car il n’y a aucune glissière prévue pour nous.

Nous trouvons après maintes tergiversations un coin pour casser la croûte. Ce sera au lieu-dit « Au-Bas-de-Charnay » à Rurey sur la rive droite, en face de Châtillon-sur-Lison (rive gauche). Nous profitons d’un coin d’ombre dans un champ fraîchement coupé pour faire une bonne sieste pendant que d’autres se baignent dans la Loue.

Cékalomi se prélasse sur une balle de foin

Cékalomi se prélasse sur une balle de foin

Nous reprenons notre périple sous le soleil.

Nous arrivons à Chenecey-Buillon qui sera la dernière commune traversée lors de notre descente de la Loue. Nous passons devant le Château Buillon et un ancien moulin à proximité d’une succession de tufs karstiques.

Notre dernier barrage se situe devant les anciennes forges de la ville. Nous utilisons la glissière à l’extrémité gauche du barrage.

Nous débarquons à 16h30 sous le pont reliant Chenecey-Buillon à Charnay. Un petit espace vert à proximité du terrain de foot local accueille les baigneurs locaux.

Victoire : personne n’aura dessalé (chaviré, esquimauter permet de remettre son kayak à l’endroit sans en sortir) dans les multiples rapides, seuils et chutes.

Nous terminons l’après-midi dans un café restaurant (le Gervais Pape) Rue de l’Église à Chenecey : boissons fraîches à l’ombre devant la Loue et le pont de Chenecey (D110).

Nous reprenons la route sous un cagnard infernal et arrivons à Lyon vers 22h.

Conclusion

Cette petite escapade en rivière est une expérience intéressante pour des marins, elle permet d’appréhender un milieu très différent de la mer. La pratique du kayak de mer peut donc se faire sur des rivières à condition qu’elles soient calmes et faciles d’un point de vu technique : classe I-II avec passages III au maximum. Il faut cependant bien préparer son itinéraire en fonction des obstacles sur le parcours, du débit et du niveau d’eau qu’il faut contrôler tous les jours. De plus, quelques séances d’entrainement en rivière (avec des kayaks de rivière) est un plus pour se préparer à ce milieu.

Des nuits fraîches, de l’eau froide et un peu d’ombre dans les gorges, par temps de canicule, quel bonheur!