Raid sportif kayak de mer en Sardaigne (9-18 oct 2015)

La Sardaigne est une île italienne assez sauvage qui propose de nombreux paysages différents sur le littoral. C’est un régal pour une randonnée en kayak de mer. Ce raid en Sardaigne est une nouveauté, nous avions précédemment randonné en Corse 5 années d’affilée jusqu’à en achever le tour complet, il nous fallait du changement.

Ce raid est sportif car le programme ambitieux nous a fait faire de longues étapes (30 km/j sur 7 jours) par une saison où l’ensoleillement très réduit (éphéméride : 7h30-18h30) réduit la plage horaire de navigabilité. Ceci en fait un raid assez inaccessible pour les kayakistes débutants. Nous avons longé le littoral sur 172 km dans la moitié Nord Est d’Arbatax à Olbia.

Dans la droite ligne des raids du club, le groupe a randonné en itinérance et en autonomie. Nous avons bivouaqué chaque nuit sur des plages désertes loin des villes. Nos aventures nous ont réservé de nombreuses surprises et rencontres du troisième type…

Caractéristiques et itinéraire

Itinéraire du Raid Sardaigne 2015 d'Arbatax à Olbia

Itinéraire du Raid Sardaigne 2015 d’Arbatax à Olbia

  • Niveau : difficile (d’où le qualificatif de raid « sportif »)
  • Milieu : mer
  • Itinéraire : côte Est de la Sardaigne de Arbatax à Olbia
  • Durée du séjour : 10 jours dont 3 de transports et 7 de navigation
  • Distance : 172 km
  • Météo : favorable
  • Température de l’air : entre 10°C le matin et 20 °C l’après-midi en moyenne
  • Température de l’eau : 20 °C
  • Hébergement : bivouac sous tente/tarp
  • Participants : 7 adultes
  • Bateaux : kayaks de mer pontés (K1, K2)
  • Transport : minibus de 9 places/remorque + ferry entre Olbia en Sardaigne et Gênes en Italie
  • Organisateur : Georges
  • Coût : 400 € / personne

La Sardaigne

La Sardaigne est une île montagneuse en mer Méditerranée. Située au Sud de la Corse, cette île italienne dispose d’un statut spécial qui en fait une région autonome. Le peuple sarde a longtemps été tourné vers la terre entre élevage et agriculture, ce n’est que récemment, que le patrimoine marin s’est développé avec le tourisme. La plupart des villages se trouvent dans les plaines et les montagnes, peu en bords de mer. Nos bivouacs nous ont amenés à être en contact avec des chèvres, des cochons sauvages et des moutons… De nombreux vins sont produits sur place, avec un fort taux d’alcool (dus au soleil plus fort qu’en France). Une forte production de chêne liège et de liqueur de myrte font la fierté locale. A cause du climat méditerranéen le figuier de barbarie prolifère, mais ses fruits sont assez fades d’après nos dégustations !

Cékalomi se prélasse à la Cala Goloritzè

Cékalomi se prélasse à la Cala Goloritzè.

La géologie Sarde en a fait les roches les plus anciennes d’Europe, les paysages changent radicalement au fil de notre itinérance : falaises, grottes, nombreuses criques (« cala »), caps rocheux de granit rouge, plages de sable ou de galets blancs, embouchures de fleuve marécageuses…

La situation stratégique de l’île en mer Méditerranée explique la domination phénicienne (peuples de marchands) suivie par la présence carthaginoise qui développe l’agriculture et la défense militaire de l’île, suivie par les Romains qui imposent le christianisme et développent le réseau routier mais qui finissent par abandonner l’île au profit des Vandales. S’ensuit la domination byzantine et les invasions sarrasines. puis commence la création des judicats, royaumes sardes qui marquent le passage à un modèle féodal qui n’empêche pas la création du premier code civil. Pise et Gênes, sollicitées par le pape, s’allient pour chasser les troupes arabes qui visaient la conquête de l’île. Le roi d’Aragon, l’un des judicats prend le contrôle total de l’île. Le Royaume de Sardaigne rejoint la république d’Italie dont elle devient une région autonome.

→ D’après « Voyage d’études en Sardaigne » sous la direction de Viktoria Fischer (Université de Genève, Laboratoire d’archéologie préhistorique et anthropologie).
 

L’influence de la Sardaigne dans la culture européenne a laissé quelques mots passés dans la langue française : le rire sardonique (spasme prolongé des muscles du visage provoqué par une plante neurotoxique utilisée pour le meurtre rituel des personnes âgées en Sardaigne pré-romaine), la sardine (les grecs l’ayant nommée ainsi du fait de son abondance sur les côtes de Sardaigne), les shardanes (littéralement « peuples de la mer », a donné son nom à la Sardaigne), la sardoine (variété de calcédoine, roche née de l’agencement spécifique de cristallites de quartz) et la sardagnole (type de maniement de couteau employé par les célèbres bandits sardes).

→ D’après la liste Sarde du blog vousvoyezletopo.
 

Programme

J1 – vendredi 9 octobre 2015

Départ de bon matin de Lyon pour le port de Gênes, d’où nous prenons un ferry pour réaliser la traversée jusqu’en Sardaigne.

J2 – samedi 10 : Arbatax – Baunei (11 km)

Arrivée au port d’Olbia en Sardaigne le matin et navette en minibus jusqu’au port d’Arbatax. Nous arrivons en début d’après-midi à Arbatax où nous chargeons les bateaux, garons le minibus et la remorque, et débutons notre navigation en kayak pour une petite étape. Un sympathique commerçant nous permet d’occuper la place de parking inutilisée devant sa boutique pour la durée du raid, un grand merci à lui.

La météo a été pluvieuse toute la matinée durant le transport. La Sardaigne a connu un « mal tempo » avec des inondations et du vent violent les jours précédents. La pluie cesse au moment où nous embarquons. Un petit reste de vent (30 km/h) et une houle (1 m) régulière nous accompagne. Nous traversons la baie d’Arbatax en évitant les quelques rouleaux qui s’y forment. Le ciel est couvert, nous longeons des falaises dans une atmosphère morose.

Nous errons à la recherche d’une plage pour notre premier bivouac. Malheureusement, les plages repérées sur les cartes ont disparu, sans doute sous l’effet de la tempête qui a balayée la Sardaigne. Nous arrivons finalement peu avant la nuit sur une minuscule plage née du ravinement du lit d’une rivière et à flan de falaise, vulnérable aux chutes de pierre. Nous stoppons là pour la nuit et dormons à cinq sous le trap par manque de place suffisante pour les tentes.

Le lendemain matin, nous découvrons notre bivouac au soleil, avec vue sur Arbatax au loin et la localement célèbre Pedra Longa sur notre droite :

Les aléas du bivouac

Chaque jour, un nouveau bivouac. C’est la philosophie d’un raid. Lors de la préparation d’un raid, on identifie à l’avance les lieux possibles pour le bivouac. Pour cela on s’aide de cartes disponibles dans le commerce ou de tout autre moyen, comme Google Earth. Cependant, on reste à la merci de l’érosion naturelle et des évènements climatiques qui peuvent modifier profondément le rivage. Même si avons tous notre tente dans le kayak, il peut arriver que les conditions de bivouac soient dégradées et imposent un couchage spartiate. C’est pourquoi le « tarp » (bâche imperméable avec câbles tendeurs et piquets) est une bonne alternative.

J3 – dimanche 11 : Baunei – Cala Coloritzè – Cala Sisine (25 km)

Cékalomi squatte le chapeau de Vincent

Cékalomi squatte le chapeau de Vincent

C’est sous un grand soleil et avec une petite houle de 30 cm que nous longeons de hautes falaises. Nous cassons la croûte sur une petite plage de graviers blancs à flanc de falaise. Des chèvres qui broutent au dessus de nous provoquent des chutes de pierres qui viennent troubler la quiétude de notre pause gastronomique. Nous profitons de la chaleur pour nous baigner, puis rembarquons dans les petits rouleaux nés de la pente de la plage.

Nous découvrons de très nombreuses grottes creusées par les éléments naturels au pied des falaises. De petites « cala » (~ calanques) apparaissent ça et là.

Pour notre bivouac, nous nous arrêtons à la Cala Sisine sur une grande plage de sable et de galets. Une paillote est installée près d’une dune qui sépare un étang de la plage. Nouvelle rencontre inattendue : 2 cochons sauvages se baladent nonchalamment à la recherche de nourriture sur la plage sans se soucier de notre présence. Un jeune goéland s’approche timidement du campement pour chiper de la nourriture, mais nous le chassons sans ménagement.

Cela fait deux jours que nous naviguons, il ne reste que 12 L d’eau. Suffisant pour atteindre le prochain ravitaillement le lendemain. Nous sommes partis avec 6L d’eau chacun (1 bouteille de 2 L, 3 de 1 L + 1 gourde perso).

Quelques moustiques et moucherons font leur apparition le soir et le matin, mais ils ne gâcheront pas nos soirées.

Nous n’avons pas encore croisé la route de bateaux ou de baigneurs, sans doute à cause du mauvais temps récent.

Avec le temps dégagé nous découvrons le magnifique ciel étoilé de Sardaigne. Loin des villes, sans pollution lumineuse nous avons droit à un spectacle incroyable, la voie lactée est scintillante.

Le ravitaillement en eau potable

Faire un raid en autonomie implique d’emporter avec soi tout le nécessaire de vie, notamment l’eau et la nourriture. Le profil de la côte ne nous permettait pas de faire de navette avant 6 jours. Il fallait donc emporter de quoi tenir 6 jours. Évidemment notre parcours nous faisant passer par de nombreux ports, nous pouvions recharger en pain et en eau régulièrement, mais nous avions dans les bateaux la base pour tous nos repas. Ceci nécessite une organisation millimétrée que nous devons à Annie pour la conception des menus et la répartition des repas. Nous sommes partis d’Arbatax avec de nombreuses bouteilles d’eau (que l’on doit à Hugo qui les met de côté tout au long de l’année) remplies au port de départ. Un état précis de la consommation et des réserves d’eau disponibles doit être tenu chaque jour afin de prévenir toute pénurie. Nous ravitaillons chaque fois que possible dans les ports. L’eau n’étant pas officiellement potable aux robinets des ports sardes, et parfois franchement colorée, nous l’avons purifiée à l’aide de pastilles (disponibles en pharmacie) proposées par Hugo (reliquat d’un trek en Turquie…)

J4 – lundi 12 : Cala Sisine – Orosei (25 km)

Encore un très beau temps pour aujourd’hui, avec une légère houle entre 10 et 30 cm l’après-midi.

Nous passons beaucoup de temps dans les nombreuses grottes et cala qui jalonnent notre parcours. On ne compte plus les grottes, elles sont tellement nombreuses ! Des grandes, des petites, en roche lisse ou tortueuse, de couleur blanche, grise ou rouge, avec ou sans stalactites, en cuvette ou à boyaux… Mais aussi des arches, des rochers tranchants comme des rasoirs, des récifs, etc.

Le paysage s’éclaircit progressivement, nous trouvons de plus en plus de plages de sable blanc et une eau turquoise. Kathy a pris la place de Vincent et rejoint Annie dans le K2 du groupe.

Cékalomi devant la Spiaggia di Cala Luna

Cékalomi devant la Spiaggia di Cala Luna

Nous arrivons à Cala Luna, magnifique crique avec une plage de sable fin et des grottes ensablées :

Nous nous ravitaillons en eau et nous lavons sur une plage équipée de douches et d’un robinet avant de casser la croûte. Un petit café italien dans une paillote revigore les amateurs de petit noir.

Un vent de Sud-Est se lève nous bivouaquons sur une grande plage, derrière des arbres à l’abri du vent.

Et la liqueur de vanille d’Hugo finit d’enchanter nos sens.

bivouac

bivouac

L’hygiène

Forcément, les conditions d’hygiène lorsqu’on n’a pas accès à l’eau courante ni à l’eau chaude sont plus spartiates qu’à la maison. Une toilette à l’eau de mer avec un savon adapté est suffisant pour tenir 10 jours. Il suffit de se sécher avec une serviette (microfibre) pour éliminer le sel et se sentir bien. Pour les hommes, la barbe n’est pas gênante sinon le rasage peut se faire à la « fraîche » sans mousse ou même au rasoir électrique (sur batterie). Nous utilisons des produits d’hygiène et de vaisselle spécial mer biodégradables (qui moussent même à l’eau de mer) afin de ne pas polluer l’environnement. Nous avons beaucoup apprécié les douches à l’eau douce disponibles sur les plages de Porto San Paolo et Palmasera, on profite de telles installations à chaque fois que cela est possible.

J5 – mardi 13 : Orosei – Cala Liberotto – Capo Comino (34 km)

Pas de vent pour aujourd’hui, une faible houle de 10 cm le matin et 30 cm l’après-midi. Un embarquement un peu rock ‘n’ roll dans les rouleaux au bord de plage, Hugo baigne et doit s’y reprendre à 2 fois.

Les paysages changent encore et alternent entre criques de sable blanc et pointes de roches rouges. De plus en plus de maisons apparaissent au bord de la côte et plus de baigneurs occupent les plages. Nous nous arrêtons sur l’une d’elles pour casser la coûte puis profitons d’un bar de plage pour prendre un cappuccino et ravitailler partiellement en eau douce.

Hervé dessale par inadvertance devant un récif après avoir percuté un pleureur (rocher peu visible sous la surface de l’eau). C’est l’occasion de tester nos réflexes de sauvetage : Annie signale l’incident, Vincent et Georges se portent à son secours, Hugo rejoint le groupe avec son écope de compétition pour vider le bateau. Hervé remonte finalement dans son kayak le temps de rejoindre la rive pour vider entièrement son kayak. Pas de bobo suite à cette « faute de débutant grossière » d’après les mots même du principal intéressé. Chargé pour la rando (100 kg) le kayak n’a pas permis de réaliser d’esquimautage malgré les nombreuses tentatives.

Pour rattraper le retard cumulé les jours précédents nous avons un peu coupé dans les golfes traversés.

Au bivouac, un surprenant débat enflamme le groupe sur le meilleur mode de cuisson des pommes de terre… Mais tout le monde en redemande tellement elles sont bonnes ! Et fromage à volonté, attention ils coulent tous après un vieillissement prématuré à fond de cale dans nos kayaks. Et là c’est le drame : pénurie de pain et de vin. Pauvres Français que nous sommes, qu’allons nous devenir… ? Heureusement, le lard fumé alsacien apporté par Annie enrichit pas mal le repas du soir.

Au beau milieu du repas, c’est un troupeau de moutons accompagné par un chien de berger qui traverse la plage et bifurque juste avant notre campement. On peut distinguer quelques moutons noirs dans le troupeau. Le chien lui ressemble tellement à un mouton avec son poil et sa couleur, qu’on le confondrait…

troupeau de montons et chien de berger sur la spiaggia di Capo Comino

troupeau de montons et chien de berger sur la spiaggia di Capo Comino

Le rituel du choix de la plage pour s’arrếter

L’organisation du raid permet de repérer diverses plages pour la pause de midi et le bivouac du soir. Malgré les cartes, c’est la réalité du terrain qui dicte sa loi. Et chacun y va de sa petite musique sur ses préférences. Entre deux plages jumelles l’une grande ensoleillée et de sable fin et l’autre minuscule à l’ombre et faite de galets à flanc de falaise, laquelle choisir ? Celle qui sera désertée par les touristes (je vous laisse deviner laquelle), car on ne se mélange pas, le raideur n’apprécie guère de côtoyer les simples baigneurs.
Quant au bivouac du soir, on ne saurait se contenter d’une belle plage au soleil avec vue imprenable sur les îles sur laquelle on se plairait à se baigner, non il y a forcément mieux un peu plus loin… et c’est l’occasion de faire quelques kilomètres en plus. Ce n’est que sous la menace de l’obscurité de la nuit et sous la fatigue qu’on se jettera finalement sur la première plage venue, moins attrayante, sans toujours pouvoir se baigner.

J6 – mercredi 14 : Capo Comino – La Caletta – La Padula Sicca (30 km)

En début de journée, nous faisons le tour des tours :

C’est une journée difficile : la fatigue cumulée, le temps qui se dégrade (ciel nuageux, pluie, orage), le rythme de navigation et l’état de la mer qui devient localement plus difficile mettent à rude épreuve le groupe.

Nous traversons une zone difficile : des pointes rocheuses dont une partie immergée importante court à plusieurs centaines de mètres vers le large provoquent des rouleaux qu’il faut éviter. Beaucoup de concentration est nécessaire pour naviguer.

En fin de journée, impossible de rattraper le retard accumulé depuis le départ. Finalement le groupe se coupe en deux, le moral dans les chaussettes. Il me vient alors les paroles de la fringante chanson de Boris Vian… qui me trottent dans la tête jusqu’à ce que le groupe se reforme un peu plus tard.

nuages à La Padula Sicca

nuages à La Padula Sicca

Enfin le bivouac et le repas du soir où on apprend que « Georges est fatigué, il fait trop de kayak »… Ce soir Hervé nous prépare des spaghetti relevés avec une petite sauce aux anchois dont Annie a le secret et qui fait le bonheur du groupe. Là encore, grand débat sur la cuisson idéale des pâtes : « il faut respecter la pâte » lâche Vincent à Hervé.

La gestion de la fatigue

Un raid c’est long. Un raid sportif c’est long et fatiguant. La gestion de la fatigue est primordiale pour pouvoir aller jusqu’au bout. Pour cela il faut bien manger et bien dormir. Côté gastronomie, nous mettons un point d’honneur à faire de vrais bon repas avec des produits frais cuisinés par nos soins. Pour le sommeil, nous avons tentes contre la pluie, sac de couchage assez chaud et matelas auto-gonflant pour être à l’aise. Nous faisons des nuits de 8 heures, il faut bien ça pour compenser 6 heures à pagayer. A midi nous faisons une pause d’1 h avec un bon casse-croûte. Reste à gérer la fatigue en cours de navigation. Pour cela nous aurions pu faire comme le raid Littoral 13 : une pause de 5 mins toutes les heures avec barre énergétique, ce qui est très efficace. Mais obnubilés par le respect du programme et des étapes, nous avons fait tirer un maximum en faisant très peu de pauses. Or naviguer plusieurs heures d’affilée n’est jamais bon. En cas de fatigue physique, c’est le moral qui prend le relais et qui permet d’aller jusqu’au bout. Il faut donc soigner le moral et se soutenir mutuellement en cas de besoin. D’où l’importance d’un esprit d’équipe et d’un leader qui comprend l’importance du mental dans l’épreuve. Un programme long qui court sur une semaine ou plus doit prévoir un temps de repos en milieu de raid, ou au moins un délai de sécurité pour faire face à une météo capricieuse. Un programme trop serré sans marge de sécurité contraint trop le groupe et le moindre retard devient très difficile à rattraper.

J7 – jeudi 15 : La Padula Sicca – Sassi Piatti (30 km)

Grand soleil, mais du vent persistant jusqu’à la fin du séjour. La mer s’est refroidie et il devient plus difficile de se baigner. Aujourd’hui on ne coupe pas, on fait du rase cailloux. Des îles apparaissent au large.

Arrivée en fin de journée sur une grande plage de sable fin magnifique avec une vue splendide sur l’île de Tavolara qui fait saliver tout le monde. Mais nous n’avons pas encore achevé notre parcours du jour, nous repartons fissa.

Cékalomi admire la vue

Cékalomi admire la vue

Nous faisons encore 30 minutes de navigation pour installer notre bivouac sur une où il faut des trésors d’inventivité pour réussir à y monter toutes les tentes. Impossible d’échapper au rituel quotidien du choix de la plage pour le bivouac…

Bref, on s’installe et là, commence une des plus longues préparations de repas de mémoire de randonneur, hors le couscous de Naïma sur la plage de Saleccia. Arrivés à 18h, le repas ne sera prêt qu’à 21h. Hugo n’en peut plus, il a faimmmm ! Au menu : paëlla avec riz pilaf, chorizo gastronomique et fruits de mer en boite.

Les repas

Ou l’éloge de la gastronomie à la française. Qui est pour le lyophilisé ? Qu’on le pende ! Car oui, on aime le kayak, mais on adoooore bien manger. Et pas question de renoncer au saucisson, au pinard (oui, à chaque dîner!), au fromage (qui coule et qui pue, sauf pour Hugo). Les petits déjeuners, les repas du midi et le repas du soir sont à base de produits frais et sont cuisinés avec amour tous les jours au fil du raid. Donc le sac de patates : dans le caisson avant du kayak, le cubi de rouge aussi, les tomates et les fruits également… La préparation du repas du soir mobilise tous le monde, c’est le moment convivial de la journée où on partage nos sentiments sur l’étape du jour et où tout est sujet à débat enflammé (comme dans Astérix). C’est bon pour le moral des troupes. Et respectons la pâte ! C’est pas parce qu’on est loin de tout, perdus dans la nature (façon ‘man vs the wild’), qu’il faut manger comme des sauvages, restons ci-vi-li-sés !

J8 – vendredi 16 : Sassi Piatti – Île de Tavolara – Porto San Paolo (18 km)

Cékalomi à Sassi Piatti

Cékalomi à Sassi Piatti

Nous nous levons sous les chauds rayons du lever de soleil qui laissent admirer les bords rocheux de la plage sculptés par les éléments. Nous croyons voir ça et là une tête d’aigle, un œuf de dinosaure, etc.

Panoramique à Sassi Piatti

Panoramique à Sassi Piatti

Panoramique à Sassi Piatti

Panoramique à Sassi Piatti

Pour ce dernier jour de navigation, un premier groupe de 2 personnes va faire la navette pour récupérer le minibus et la remorque restés à Arbatax, tandis que l’autre va naviguer dans le golfe d’Olbia. Nous sommes confrontés à un vent grossissant de 40 km/h et une houle de de 60 cm qui se calmeront en fin de journée.

Nous faisons la traversée jusqu’à l’île de Tavolara. Nous débarquons sur la plage principale au sud, visitons le port et nous promenons sur les chemins aménagés sur la dune. Nous traversons l’isthme jusqu’à une plage de cailloux, puis allons jusqu’au petit cimetière où repose d’illustres personnages aux côtés d’inconnus.

Retour au point de départ et rase cailloux jusqu’à Porto San Paolo. Nous profitons des installations sanitaires de la plage de Porto San Paolo pour prendre une bonne douche, allons au restaurant du bord de plage (excellent menu et très bons vins) et montons notre bivouac directement sous le préau d’une salle communale désaffectée devant la plage.

La sécurité sur l’eau

Le niveau de difficulté annoncé et le format du programme filtrent l’accès au raid et évitent que des participants qui n’ont pas le niveau se mettent en danger.  Cependant, il est illusoire d’espérer un niveau physique et technique strictement identique entre participants. Et la fatigue ou les conditions météos peuvent rapidement augmenter cet écart. La sécurité s’adapte au niveau du groupe, mais la forme et le moral du groupe fluctuent au cours du raid. Les règles générales de sécurité sur l’eau sont les suivantes : on reste en groupe, on s’attend avant le passage d’un cap, on porte assistance sans se mettre en danger soi-même, on s’habille en fonction de la météo, on porte le matériel de sécurité de base (éponge ou écope, gilet, jupe), 1 ou 2 participants aguerris transportent le matériel de sécurité avancé (fusées éclairantes, radio, bout de remorquage, corne de brume, pagaie de secours), on a sur soi le ravitaillement de base (eau et en-cas). Une météo défavorable, la fatigue et la difficulté ponctuelle d’une étape peuvent générer du danger. Il est important de s’adapter, de se serrer les coudes, voir de changer le programme si nécessaire. On ne se bat pas contre les éléments.

J9 – samedi 17 : Olbia

Lever de soleil magnifique sur Porto San Paolo :

Nous rangeons toutes nos affaires, montons les kayaks sur la remorque et partons avec le minibus vers le port d’Olbia. A Olbia après un restaurant où nous nous sommes régalés de pizza, nous flânons dans la ville et prenons une petite glace et un café. C’est l’occasion de quelques achats de souvenirs.

Tourisme

Il manquerait quelque chose au raid si nous ne profitions pas de la gastronomie et de la culture locale. Nous avons fait 2 restaurants et visité le vieil Olbia et le vieux Gênes.

J10 – dimanche 18 : Gênes

Nous débarquons le matin et prenons 2h pour visiter la vielle ville de Gênes. Nous prenons un bon café amélioré (chantilly, chocolat et biscuit) et reprenons la route pour Lyon.

Città metropolitana di Genova - La Biosfera

Città metropolitana di Genova – La Biosfera

J11 – mardi 20 : nettoyage des bateaux

Partie intégrante du raid, la corvée de nettoyage des bateaux et du matériel a eu lieu au club avant la séance d’entraînement du mardi. On a fait tremper les gilets et les jupes et lessivé les bateaux (sel et sable à profusion).

Nettoyage

L’entretien du matériel est important si on veut le faire durer. Et par respect pour les autres membres du club, il faut rendre les bateaux propres sans sel, sable et boue à l’issue de chaque sortie. L’esprit « raid » c’est aussi de participer d’une façon ou d’une autre aux corvées.