Week-end eau vive dans les Hautes Alpes du 5 au 8 mai 2016

Dans la combe de Château Queyras

Dans la combe de Château Queyras

Nous étions trois Lyonnais motivés pour aller naviguer du gros dans les Hautes Alpes pour ce week-end de l’Ascension: Bilal et Luc (moi-même) du CKLOM, ainsi que Tom du club de Vaulx-en-Velin. À l’instar de nos amis marins, nous somme allés chercher la chaleur plus au Sud et nous avons rejoins Guy, Ariane et leur ami Nicolas, avec qui nous avions déjà navigué sur la Glueyre. Nous comptions sur la soudaine chaleur pour faire fondre la neige, mais cela ne suffira malheureusement pas. D’ailleurs, vu l’état des niveaux d’eau nous nous sommes contentés des célèbres Guil et Ubaye (NB: c’est déjà bien!) sur les 4 jours. Il y a eu des bains, des esquimos, des marches arrière, des sketches, bref, une sortie réussie comme on les aime!

J1 – Ubaye – Exs Infrans du Haut et la Classique

Nous partons tôt de Lyon pour récupérer Tom à St Pierre. L’heure de RDV était 6h15, il se trouve que c’était en réalité l’heure de départ de Lyon… Direction Le Lauzet d’Ubaye où nous sommes arrivés en même temps que Guy et Ariane. Mieux que les Suisses! Nous décidons d’enchaîner les Exs du Haut avec la Classique, histoire de bien remplir la journée. En effet cela représente un total de 10 km, en classe IV+ pour les Exs Infrans, et III-IV pour la Classique. La partie des Exs du Haut est composée de trois parties: la première est une longue ligne droite en IV+ où il faut manœuvrer entre les blocs et sauter des seuils, dont certains sont violents. La seconde est une partie de récupération en III, et la dernière (mais pas la moindre!) est le fameux rapide du Fer à Cheval, IV+ (voire V si il y a beaucoup d’eau). Nous avions 24 m3/s à la station Vigicrues.

Nous nous engageons donc dans la ligne droite après avoir établi un ordre de passage, chacun choisit sa propre trajectoire, tout se passe bien. Tant mieux à vrai dire, car il y a encore le Fer à Cheval derrière! Ce rapide est assez long et technique. Le premier seuil se passe très bien, moyennant une giclée et un peu de vitesse, pour aborder le S suivant, et le train de vagues précédant le dernier seuil. En voulant tenter une passe originale, je finis en marche arrière juste avant le dernier seuil.

Nous enchaînons ensuite sur la partie classique de l’Ubaye, du Martinet jusqu’au Lauzet. Rien de spécial à signaler, ça attaque dès le début (pas pour nous puisque nous arrivons du haut) tout en restant constant. Le seul passage notable est le rapide de la dent de requin, vous comprendrez en regardant les photos! Bilal et Tom profiteront d’un haut rocher pour sauter et s’entraîner aux saltos.

Une fois arrivé, on se change, on mange (c’est 15h bien tapé quand même!), et Bilal, Guy et Tom décident de s’en refaire une, pendant que je file à Barcelonnette faire les courses pour ce soir (oui, un supermarché ouvert à 19h30 un jeudi de l’Ascension, ça existe apparemment). Guy nous trouve un spot bien sympa (mais manifestement connu des kayakistes, puisque d’autres sont arrivés un peu dépités de voir l’emplacement déjà pris) où nous avons mangé autour d’un feu (très apprécié pour faire cuire les poitrines de porc) et dormi.

J2 – Guil – Combe de l’Ange Gardien et la Classique

Pour bien commencer la journée, au moment de quitter le bivouac au bord de l’Ubaye et partir pour le Guil, j’oublie mon téléphone dans une poche de la tente que je viens de plier, et je manque de partir sans la remorque. Sans commentaires… Il était prévu de faire une intégrale du Guil (soit la combe de Château Queyras, la combe de l’Ange Gardien, et la classique). Heureusement que Guy a eu l’idée de repérer d’en haut la combe de Château Queyras, il y a un bel arbre coincé dedans. Nous embarquons donc à la sortie de cette combe, un peu déçu quand même. Néanmoins la combe de l’Ange gardien ne manque pas de sensation, et peut être cotée en difficulté générale IV+ avec le niveau d’eau de 50cm à l’échelle (V quand il y a beaucoup d’eau), et la présence d’un soleil radieux me fera garder mes manches courtes. Un seul bain: Ariane, mais également plusieurs touches de spectacle entre les marches arrières, un saut sans giclée pour moi (ce qui m’aura valu un esquimautage, en manches courtes, je ne vous explique pas la claque thermique!). On notera également le passage du rapide du Zébulon (succession de seuils terminant par une chicane gauche-droite) assez complexe à cause d’un siphon et d’un drossage.

C’est la sortie des combes et l’arrivée sur un rapide nouvellement infran: le rapide du Millenium (rien à voir avec le Falcon de Star Wars). En effet, un bloc de plusieurs tonnes s’est placé au beau milieu de la passe habituelle, siphonnant une bonne partie de la rivière. Nous embarquons donc juste en amont de la fameuse triple chute du Guil, un des rares rapides que j’aurai passé avec style et propreté. La suite s’enchaîne bien, on notera cependant un rapide assez foireux et chaotique, composé d’un premier seuil à rappel, succédé par un chaos à négocier avec peu de vitesse malgré le courant qui pousse. Nous prenons donc la « chicken pass » pour ce premier seuil, pour aborder la suite avec sérénité. Un autre rapide connu se présente à nous: le rapide du Tunnel, reconnaissable grâce au tunnel routier qui le surplombe. La fin du parcours se mérite car il y a un long rapide à négocier, facilement toutefois.

Nous repartons en direction l’Argentière pour bivouaquer dans un super spot (un ancien camping), au bord de la Biaysse (cl. V) qui malheureusement n’est pas en eau. Pas de feu à cause du vent fort, nous avons mangé dans le camping car aménagé de Guy.

J3 – Guil – Intégrale (bis)

Avec Bilal et Tom, nous voulions tenter le Fournel, un parcours d’1 km, composé de casses-crues, idéal pour boofer ou gicler. Malheureusement il n’y a pas d’eau, même topo pour le Gyr, l’Onde et la Gyronde. Nous retournons donc sur le Guil, avec la rumeur comme quoi l’arbre coincé dans Château Queyras sera dégagé. Nous étions une équipe bucheron de 7 kayakistes (dont Bilal, Guy, Tom et moi-même) où nous avons passé presque une heure à dégager cette sal**erie d’arbre. Une fois l’opération terminée, nous mangeons un bout et embarquons, en retrouvant une fois de plus nos collègues du BAC CK. La combe de Château Queyras est un aqualand de 600m de long où l’arrêt n’est même pas envisageable. Pas de bain à signaler ni même d’appui bien placé ou autre. J’aurai baigné comme un débutant dans le Zébulon alors qu’un esquimautage était largement faisable, et dans le rappel de la Grille, où j’ai également commis une erreur (tellement bête que j’ai décidé de repasser le rapide, correctement cette fois). Le niveau d’eau à l’échelle était identique à celui d’hier. Nous retournons au spot de bivouac d’il y a deux jours, où il a fallu que j’apprenne à Bilal et Tom à lire le temps de cuisson sur un paquet de pâtes.

J4 – Ubaye – Intégrale

Les niveaux déplorables des rivières nous conduisent à revenir sur l’Ubaye (mais il y a un peu plus d’eau: 27 m3/s). Nous commençons par le même parcours que la dernière fois, histoire de s’échauffer, car il est prévu d’attaquer ensuite les Exs Infrans du bas, surnommé « Royal Gorge » par les Allemands et « World Class River » par Guy. En effet, ce parcours a tout des rivières internationales. Les difficultés vont en décroissance, mais la difficulté générale est en V volume au début, et en IV+ sur la fin (avant l’arrivée dans le lac de Serre-Ponçon qui est en II-III). Le premier rapide est celui de la Fosse aux Lions, un enchaînement en V+, que nous avons porté. Guy moi et portons aussi le suivant (le Labyrinthe I, cl. V) et faisons la sécu à Bilal et Tom qui le passent. Vient ensuite le Labyrinthe II, un enchaînement valant bien IV+/V selon le niveau d’eau. Les autres rapides ne manquent pas de sensations, entre les siphons, les marmites, les gros rouleaux et rappels. On notera le rapide du Sphinx (IV+), reconnaissable à un énoooorme bloc posé au milieu de la rivière. Son passage est obligatoire pour continuer la descente car le portage est impossible (parois verticales). Tout comme Tom, je me serai même payé le luxe de le passer en marche arrière, et dans sa totalité s’il vous plaît! La suite se passe tranquillement, il semblerait que dans le dernier gros rapide, je ne sois pas passé loin de la catastrophe en abordant un gros rappel sans vitesse. Tom se sera également fait très peur dans le Vélodrome, en se faisant coincer sous la falaise.

Un grand merci à Guy pour nous avoir amené sur ce superbe parcours!

Ce fut un excellent séjour, avec un groupe bien agréable, le tout dans cadre magnifique sur de belles rivières. Le montage vidéo arrivera bientôt!