Semaine rivière en Autriche et en Suisse du 7 au 13 août 2016

Flag_of_Austria.svgAlors que tout le monde est parti chercher le ciel bleu et les plages, notre groupe de joyeux navigateurs du CKLOM et CKTSV a choisi de rejoindre la pluie et le brouillard dans les Alpes autrichiennes, plus précisément dans le Tyrol, ainsi qu’en Suisse dans le canton des Grisons. Les rivières étaient remplies et nous avions le choix pour naviguer. Nous devions rejoindre d’autres collègues dans la région, censés connaître quelques rivières et les endroits pour bivouaquer. Pour une fois, nous étions organisé: coût modéré, liste de courses, et un vrai brûleur avec une grosse bouteille afin de cuisiner décemment.

Informations

  • Nombre de participants:  3 du CKLOM (Bilal, Jonathan, Luc), 2 du CKTSV (Géraud et Raphaël)
  • Hébergement: camping sauvage
  • Coût: 180€ par personne avec deux véhicules personnels dont 135€ de transport (essence, péages, vignettes) et 45€ de nourriture
  • Difficulté globale: cl. IV

J0 – Le grand voyage

Le RDV est fixé à 8h, mais le temps que tout le monde arrive, que l’on discute, que l’on discute, que l’on discute (bon il faudrait peut-être charger les affaires dans les deux véhicules qui partent!) il est déjà presque 9h. Nous taillons la route, où Jonathan s’est juré de ne plus traverser la Suisse et l’Autriche avec une remorque (et oui, en Suisse sur l’autoroute, c’est 80 km/h max avec une remorque et 100 km/h en Autriche), avec le premier imprévu budgétaire: la traversée du tunnel de l’Arlberg (16 km), +19€ au compteur. Bon, sur 2 voitures et 5 personnes ça devrait aller. Nous trouvons rapidement un endroit pour dormir (une « Grillplatz ») et cuisiner des pâtes à la sauce pesto.

J1 – Basse Ötz (cl. III-IV) et Rützbach (cl. III)

Suite à des ratés logistiques nous ne naviguons pas avec les collègues que nous devions rejoindre. Nous partons donc sur la basse Ötz, un affluent de l’Inn, pour nous échauffer. C’est un parcours très typé volume, particulièrement en cette saison, avec de gros trains de vagues et rouleaux. Il faut cependant faire attention au barrage dont le rappel formé est mortel (fort heureusement indiqué 600m en amont avec des têtes de mort sur un panneau accroché à un pont). Nous avons continué après la confluence sur l’Inn sur 1 km, jusqu’à Haiming. Arrivés en bas, nous mangeons rapidement, et nous décidons de la 2e navigation de la journée: la Rützbach. Nous voulions faire les gorges en cl. IV (V) mais les niveaux d’eau étaient insuffisants, et nous nous rabattons sur le parcours en amont, en cl. III avec un passage en cl. IV. Tiens? Il y a un péage depuis l’autoroute pour aller dans la vallée? Et la vignette c’est pour les chiens?! +6€ au compteur… On remarquera le côté kitsch de cette navig lorsque nous nous sommes changés sous le départ du télécabine de l’Elfen. Dans la précipitation du débarquement, Géraud oublie ses chaussures de kayak et s’en rendra compte seulement le lendemain matin.

Nous avons enfin des nouvelles de nos collègues, qui nous disent être à Bobojach à 1h d’Innsbruck dans la vallée de l’Isel. Seul hic, le GPS penche plutôt pour 2h30… Ah bon?! La décision est prise: même s’il est presque 20h et que nous avons faim, nous avalons une pom’pote et partons vers Bobojach. Les 5 km du Felbertauerntunnel (dont l’entrée ressemble à celle du Mt Blanc) sont avalés en 3 minutes. Et bim!, +11€ de péage par voiture. On notera la motivation des autrichiens à poster un employé dans la guérite du péage à 21h54… Quelques appels de phares plus tard, nous trouvons le bivouac de nos collègues et ne traînons pas pour monter les tentes. Pendant le trajet, Raph, Jonathan et Géraud auront eu un débat philosophique sur le concept du refus d’obstacle, en analogie avec ce qui se produit dans les sports équestres.

Refus d’obstacle (nm): en rivière, bain d’un kayakiste avant un rapide et passage de ce dernier sans son embarcation. Le refus est aggravé lorsque l’embarcation va toute seule dans un contre courant avant le rapide.

J2 – Isel (cl. III-IV (V))

Nous partons sur l’Isel, où nous sommes accueillis par deux panneaux rappelant la mort de deux kayakistes sur la rivière que nous envisageons. Nous repérons le départ où nous voyons un rapide cl. V volume. Au moment de nous changer nous remplissons un abribus sur le bord de la route, surpris par la pluie… Le premier rapide n’inspire confiance à personne entre les casses crues et les trajectoires complexes. Seul Paulo (de l’autre groupe) l’a passé. Néanmoins, la suite n’est pas bradée, c’est du cl. IV volume dont on ne voit pas toujours la sortie. La fin est plus calme et permet de terminer en douceur. Nous débarquons au niveau d’une station de télécabine des pompiers et mangeons sous leur abribus. Vu la météo et la motivation de notre groupe, Luc part faire quelques courses, tandis que Paulo et son pote tentent une portion en classe IV-V de la Defferegenbach, un affluent. La pluie commence à tomber, mais ne s’arrête pas. Une fois le spot de bivouac trouvé nous montons tentes et tarps pour nous mettre à l’abri et profiter des pâtes (consommées par paquet de 1kg) à la sauce pesto rosso (pour changer).

J3 – Defferenbach (cl. IV)

Nous nous réveillons sous une pluie battante, dont un avec le matelas dans l’eau… Nous mettons du temps à décoller et à plier le camp. Nous partons sur une partie de la Defferenbach que Paulo est censé avoir déjà fait, différente de celle naviguée hier. Le côté engorgé (et donc engagé) de la rivière nous fait réfléchir, mais nous décidons finalement d’embarquer, tout en gardant à l’esprit qu’une opération sanglier n’est pas à exclure.

Opération sanglier (nf): arrêt de la navigation et portage à la corde de sécu pour rejoindre la route ou le chemin le plus proche, à travers la végétation, quel que soit son type (arbres, ronces, champs…). Une telle opération se produit très souvent lors d’une sortie de gorge.

Le début se passe bien, les choses commencent à s’accélérer. Après un seuil dont on ne se rend compte du dénivelé qu’une fois l’avoir sauté, Paulo fait signe de s’arrêter immédiatement, ce qui est fait avec brio, heureusement que le niveau global du groupe est bon et que les stops sont maîtrisés à la perfection. C’est un rapide très difficilement sécurisable, avec un gros rappel en entrée. Le portage se fait rive gauche (manque de pot, Bilal et moi avons débarqué rive droite en amont immédiat de l’infran, ce qui nous oblige à faire le « bac de la mort »). C’est reparti pour la navigation. Stop! Tout le monde s’arrête encore une fois, encore plus à l’arrache que la fois précédente. Un autre portage! L’opération sanglier est déclenchée, et nous devons remonter les bateaux à la corde, car la gorge est très abrupte. Ceux qui ont porté rive droite (Raph, Bilal, Paulo et moi) auront évité les ennuis de ceux qui ont porté rive gauche qui se sont faits alpagués par un paysan qui leur réclamait de l’argent pour traverser son champ, paysan qu’ils ont (gentiment) envoyé voir ailleurs. Nous terminons quand même le peu de rivière qu’il nous reste (cl. III avec un rapide IV), et Raph et moi et deux de nos collègues loupons le débarquement et devons remonter à pied.

Des rayons de soleil arrivent et nous sautons sur l’occasion pour faire sécher nos affaires. C’est fou la place que prennent 5 kayakistes! Puis nous décidons de nous séparer de nos collègues, et sur leurs conseils nous partons vers la vallée de la Brandenberger Ache. Nous repassons le Felbertauerntunnel dans l’autre sens. Et re-tac!, 11€ par voiture. Nous trouvons un spot pour bivouaquer, à la limite de la légalité, aussi nous nous faisons le plus discret possible.

J4 – Brandenberger Ache (cl. II-III (IV)) et Inn (Gorges de Landeck, cl. III-IV)

Le petit déjeuner est pris sur le bord de la route (nous avons dégagé le spot assez tôt pour éviter des amendes à plusieurs centaines d’euros). Mais sous l’effet du froid, le butane dans la bouteille avait gelé! Heureusement Jonathan nous a dépanné avec son réchaud de randonneur pour faire cuire les saucisses (oui, on a décidé de faire un petit déjeuner à l’allemande) et bouillir l’eau pour le café. Une fois arrivée sur la Brandenberger Ache nous sommes un peu déçu car nous ne voyons que de la classe II. Bilal et Jonathan qui ne naviguent pas ce matin font la navette à Géraud, Raph et Luc qui tenaient à naviguer (on n’a pas fait toutes ces bornes pour rien b**del de m**de!). Le soleil arrive et nous permet d’apprécier les gorges en III (IV). Nous avions repéré une gorge faisant penser à celle de Château Queyras sur le Guil mais nous avons renoncé compte tenu des difficultés.

Après une réunion au sommet, nous faisons des courses à Rattenberg avant de partir vers la vallée de l’Inn, là où nous avons dormi le premier soir. Comme il nous reste du temps et que le soleil se couche tard, nous décidons de naviguer dans les Gorges de Landeck (III-IV). Géraud en profite pour récupérer ses chaussures sur la Rützbach (car la vallée était sur notre route). Cela aurait pu être un séjour en Suisse/Autriche sans amende (nos collègues de Villeurbanne et Décines s’en sont pris à chaque sortie) mais lors du repérage de l’embarquement, Luc se fait contrôler par des jumelles à 64 km/h au lieu de 50 à l’entrée de Nesselgarten et écope d’une amende de 35€.

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Minibus vu sur l’autoroute en retournant vers l’Inn

J5 – Inn (Intégrale suisse, cl. III-IV-V)

Bilal nous recommande des portions de l’Inn qu’il a déjà navigué l’année dernière. C’est donc parti pour une intégrale suisse de l’Inn, de Susch à Scuol, dans le canton des Grisons. La descente fait 21 km, avec une durée estimée à 6h, découpée en trois gorges: Giarsun, Ardez et Scuol. Luc finit par trouver un endroit où garer la voiture, gratuitement qui plus est (nous avons souvent été recalés par le fameux « parken verboten », parking interdit en allemand). Le début est de la classe III plaisante et permet de démarrer tranquillement. Ensuite les choses s’agitent, on passe en classe IV, en naviguant à vue. Au début des gorges d’Ardez, nous faisons une pause et établissons un ordre de passage: Bilal, Jonathan, Luc, Géraud, Raph. Après 800m de IV+, nous arrivons à un passage VI que nous portons. Pendant le portage Géraud se sera fait attaqué par un essaim de guêpes mais il s’en sort indemne. Arrive un passage V avec un beau seuil (et une belle giclée à envoyer), que tout le monde passe plus ou moins proprement. On notera sur la fin de la dernière gorge un restaurant au bord de l’eau, accueillant les kayakistes avec plaisir. Luc avait pourtant pris au cas où sa CB mais personne n’a eu la motivation pour s’arrêter boire un coup… Au bout de 4h de navigation nous arrivons au débarquement. Nous mangeons un gros bout sur le parking, le tout sous les yeux ébahis des locaux dans leur grosse voiture sportive, manifestement peu habitués à voir des kayakistes…

Nous devions initialement rentrer le lendemain (soit samedi), mais il est bientôt 19h et nous songeons à rouler de nuit et nous relayer. Le GPS nous propose deux options: rentrer par la suisse et le tunnel ferroviaire du Vereina (un peu comme le tunnel sous la Manche, avec un départ toutes les demies heures et la ponctualité suisse en prime) ou repasser par l’Autriche et le tunnel de l’Arlberg. Choix vite fait car le Vereina coûte CHF 40,- par voiture et CHF 25,- pour la remorque, soit un total de presque 100€! Nous passons par l’Arlbergpaß, col manifestement interdit aux remorques. Luc décide malgré tout de s’engager sur la route (pas le choix, le tunnel du même nom pris à l’aller étant fermé), et tout se passe bien, pas une seule réaction de la police que nous avons croisée en sens inverse. Nous arrivons finalement à 3h30 à Oullins.

Ce fut un bien beau séjour, malgré quelques ratés au niveau de l’organisation (mais bon, c’était une première), avec une excellente ambiance au sein du groupe, avec un bon niveau, homogène qui plus est, ce qui a permis de bien gérer les stops soudains sur la Defferenbach notamment, et (ça aussi c’est une première) un séjour sans un seul bain. Nous avons également constaté que les autrichiennes et les suissesses sont tout aussi jolies voire plus que les allemandes…

Bonus – Hautes Alpes (Vénéon et Gyronde)

Bilal et Luc décident de jouer les prolongations, et partent samedi après-midi dans les Hautes Alpes, en étant basé dans la maison de montagne de Jean. Nous arrivons à 18h à Corps, trop tard pour naviguer, mais idéal pour une séance baignade/freestyle au lac du Sautet. Dimanche matin nous sommes réveillés à 11h par Pierre-Yves qui nous rejoint pour le reste du weekend. Nous partons l’après midi sur le bas Vénéon, cl. III IV avec un passage V (plutôt IV+ par le bas niveau dont nous avons bénéficié). On notera la passe d’un rapide avec un arbre dedans qui aura fait baigné Pierre-Yves et esquimauté Bilal, un début de rapide pour Luc tout seul car porté par Bilal et Pierre-Yves et le passage du premier rapide des Gauchoirs pour Bilal. Lundi nous sommes partis sur la Gyronde avec un tout petit niveau d’eau expérimenter le concept de la perle d’eau-vive. Nous nous sommes cependant amusés sur une digue ruinée à la fin du parcours en s’entraînant aux free wheel et giclées.

Perle d’eau-vive (nf): rivière naviguée en dessous des côtes minimales de navigation, où le côté gratte-cailloux est permanent